Bonjour à toutes et tous,
J’espère que vous passez un joli début de semaine, et surtout de bonnes vacances pour ceux qui baignent dans cet agréable moment de la vie. Un petit air printanier se fait étonnamment sentir, et j’ai vu mon premier bouvreuil pivoine à La Sage, avec son joli petit plastron rouge rosé. C’est peut-être moi qui n’ai jamais bien ouvert les yeux auparavant, mais ce joli passereau me fait désormais l’élégance de ses chants mélancoliques. C’est un charme qui n’a pas de prix.
CHRONIQUE D’ÉPICIÈRE
Nous sommes bien chanceux, du haut de nos 1700 mètres d’altitude, où nous trouvons le frais tout en nous dorant au soleil. Ce luxe a son revers de médaille cependant, les neiges fondent, la nature se réveille déjà un peu, comme si le printemps frappait à notre porte. En vrai, il a déjà passé le seuil de l’entrée de notre grande maison qu’est la montagne, sans que nous y ayons prêté attention. Les épisodes de neige semblent se faire de plus en plus rares, et vous êtres nombreux à vous et me rappeler vos hivers d’antan, bien plus généreux en or blanc. Passée cette période de Carnaval, restera-t-il de la neige ? Je me suis donc un peu questionnée sur le temps. Et moins sur le temps qu’il fait, que sur celui qui passe. C’est mon défi de chaque jour, finalement. Le temps passe sur moi, et il passe aussi sur les produits que je vends. Je me demande régulièrement comment rationaliser les pertes, comment donner de la valeur au vivant, puisque le frais nous est proposé par la terre et par ses habitants à deux ou quatre pattes.
Le monde est ainsi fait que l’économie décide de la fin des choses. Une date de péremption n’est pourtant pas une vérité en soi. La réalité, c’est que passée la date limite, vendre certains produits est interdit, bien que leur qualité soit toujours au rendez-vous. Certaines limites impératives existent bien évidemment, pour certaines denrées qui pourraient représenter un danger pour la santé. Néanmoins, nombre d’aliments peuvent être consommés bien au-delà de la date fixée par le fournisseur. Le code de la consommation est aussi clair que succinct : « L’étiquetage comporte l’inscription, sous la responsabilité du conditionneur, d’une date jusqu’à laquelle la denrée conserve ses propriétés spécifiques dans des conditions de conservation appropriées. » Donc, le fabriquant fixe lui-même la date de péremption, comme bon lui semble. Il n’y a aucun encadrement, ni règle, sauf pour le lait cru, les œufs et la viande. Ce qui m’interroge, est de constater qu’il existe un réel marketing des dates. Le fabricant, en fonction de l’offre et la demande, peut adapter la date limite de consommation selon ses besoins, afin d’écouler des stocks volumineux par exemple. Lorsqu’il se trouve dans une surproduction, il va réduire la durée de vie de ses produits, afin que le client s’empresse soit de les consommer, soit de les jeter, bien malheureusement. Parfois, le client c’est vous, parfois c’est moi. Psychologiquement, nous avons été éduqués à prêter attention à ces dates et à symboliquement leur accorder une valeur absolue et définitive.
Pour ma part, mon alimentation est essentiellement faite de produits périmés du magasin. Ce qui fait rire mes invités à la maison. Chez Marlène, on mange les restes. Si certes, une salade un peu molle n’est pas attirante, et si on ne joue pas avec la date de péremption de la viande de porc ou de poulet, je n’ai jamais du jeter un seul produit à la poubelle, en ouvrant un emballage un à plusieurs jours après la date. Cette petite chronique n’a aucune valeur de leçon de morale, c’est un simple constat. La loi m’oblige à ne vendre que des produits dont la date de consommation est respectée et je conçois parfaitement que le passage à l’épicerie tient du plaisir et non de l’analyse du système de consommation. Et nous avons bien assez de réflexions à mener dans ce monde, tant de responsabilités nous incombent, qui nous dépassent parfois. Mon métier d’épicière m’apprend pourtant des réalités, dont je n’avais pas conscience jusque là. ll m’apprend que plus j’avance, moins j’ai de certitudes.
Je n’ai pas de solution à proposer, la machine est trop grande. Je ne peux que mettre en avant, en rayon ou sur le comptoir, les produits dont le temps est compté, avec une petite étiquette orangée, parce que cela attire l’œil paraît-il, et vous les proposer à un prix réduit, en espérant ne pas devoir les jeter. Il n’y a aucun sens du devoir, ni de votre part, ni de la mienne. Juste une étiquette colorée qui nous confirme que le monde est fou.
Le temps qui passe
Le temps qu’il fait
Les temps qui changent
Au temps pour moi
Au temps pour nous
Voilà, du haut de nos 1700 mètres d’altitude, nous aussi, sommes touchés par un monde qui devrait prendre de la hauteur, en matière d’attitude.
Nous sommes les artisans de notre propre bonheur, paraît-il. Mais l’artisanat semble être une discipline menacée, alors qu’il est, quand il est pensé avec cœur, la plus humaine des choses qui soient.
PERLES DU QUOTIDIEN
– Salut Marlène. Tu m’aides ? Je suis tout perdu, moi, avec ces marques qui n’arrêtent pas de changer leurs emballages. Et j’ai pas pris mes lunettes.
– Dis-moi…
– Je veux du sucre brun.
– En morceaux ou en vrac ?
– En vrac… ah mais je vois, c’est là !
– Non, attends, là tu prends le blanc.
– Le paquet rouge, c’est le blanc ? Mais avant, il n’était pas bleu ?
– Oui, le blanc était bleu, maintenant le blanc est rouge et le brun, qui était aussi bleu est désormais brun.
– C’est clair maintenant.
On en voit de toutes les couleurs, dans cette épicerie, mais maintenant c’est très clair.
QUOI DE NEUF DANS LA MONTAGNE
Evolène, en tant que destination touristique, a de nombreux défis devant elle, notamment concernant les remontées mécaniques. Pour ce faire, le domaine skiable de Télé-Evolène a lancé un questionnaire sur la vision d’avenir, que je vous encourage à remplir. Votre participation à ce sondage respecte vos données, bien évidemment, mais vous permet néanmoins de prendre part à un tirage au sort (1er prix: 1 Magic Pass 2023-2024 / 2ème prix: 4 Montées gratuites / 3ème prix: 2 montées gratuites).
Pour participer au sondage: https://www.survio.com/survey/d/Y0J7A5C0Y8G3Y2A4I.
Je vous informe que dès mercredi, j’aurai de la viande d’agneau d’alpage à vous proposer, de la bergerie de Marie Quinodoz à La Sage. Les différents morceaux de viande et merguez sont conditionnés sous vide et congelés. Je vous les propose dans la limite des stocks disponibles, bien évidemment.
Pour celles et ceux que cela intéresse, le lundi, j’envoie un courrier électronique avec la liste des produits frais BIO que je peux commander dans la semaine. Le système est tout simple, je vous transmets un fichier indiquant les produits, leur provenance et leur prix, et vous pouvez les commander le lundi (livraison le mercredi), le mardi (livraison le jeudi), le mercredi (livraison le vendredi) et le jeudi (livraison le samedi) en m’envoyant les quantités souhaitées par email à contact@epiceriedelasage.ch.
Belle semaine,
Votre épicière, Marlène