Trame de vie

Bonjour à toutes et tous,

J’espère que vous vous portez au mieux et que votre semaine s’annonce belle. La mienne s’annonce plus calme et je m’attèle à de grands projets que je me réjouis de partager très bientôt avec vous. Le grand succès de la lecture « Le Laboureur de Bohême » m’invite à vous proposer une supplémentaire le dimanche 26 mars à 11h, les deux autres représentations étant complètes.

La place des choses

CHRONIQUE D’ÉPICIÈRE

Ce week-end, le film de Baptiste Aubert, « La place des choses » a été diffusé au cinéma d’Evolène. L’ethnologue a rencontré un groupe d’hommes, dans l’ancienne ville industrielle de Verviers en Belgique, qui réparent d’anciennes machines textiles. Un documentaire très touchant qui fait écho à une région comme la nôtre, qui a vu d’extraordinaires tisserands et tisserandes œuvrer autour de leurs métiers. Aujourd’hui, nous avons encore la chance de compter une artisane dans notre village de La Sage, Lydie David Georges, qui joue avec brio de la navette. Il y a également l’atelier de Marie Métrailler, à Evolène, qui est un magnifique témoignage de ce passé économique de la région.

À l’issue du film, une petite discussion s’est engagée autour de la démarche du réalisateur mais également du travail de mémoire que tentent de produire des bénévoles qui ont vécu le bruit des machines, l’odeur de l’huile, le toucher du fil de laine ou encore la pression d’un contremaître… toutes ces sensations qu’un métier à tisser à l’arrêt ne peut plus procurer qu’au travers du discours.

La place des choses. C’est le titre subtilement choisi par Baptiste Aubert pour synthétiser tout une démarche à la fois historique, sociologique et humaine. Je constate, à ma petite échelle, que dans mon épicerie, chaque chose a sa place. Une place qui est définie par des facteurs qui ne sont pas toujours rationnels: la hauteur d’un rayon, la place de stockage, ou parfois, mes incohérences personnelles qui font de ce lieu un Tetris tout à fait surprenant. Il y a une place pour des machines d’un autre temps, ou du moins d’un temps qui me précède. Ma trancheuse – héritage de l’ancienne boucherie de La Sage -, ma râpe à fromage pour la fondue, entre autres, sont mes sages aînées. Heureusement qu’il reste encore des âmes bricoleuses, comme le quincailler des Haudères, pour m’aider à réparer quelque vis défectueuse ou un éventuel branchement vacillant du moteur, car plus aucune entreprise n’assure le service de ces vieilleries. Même les numéros de téléphone sur la plaquette de garantie renvoient aux abonnés absents. Et si je trouve un interlocuteur, on me dit « il faut remplacer la machine ». Et pourtant, ces outils-là ont exactement leur place dans cette épicerie, vaillants et quasi indestructibles. Les voir tourner, fonctionner, est une victoire sur le temps qui passe, sur l’obsolescence programmée. Cette épicerie est un instrument merveilleux, que Bernadette a remis sous ma protection avec amour et confiance. Pour cela, je suis reconnaissante. J’aime que leur vie se poursuive, même si parfois, leur grand âge me donne quelque frayeur.

Dans le film, le réalisateur collectionne les navettes, qui deviennent objets de décoration, pour ne pas finir dans la benne à ordures. Et j’observe, dans mon lieu de travail, que moi aussi j’ai choisi de conserver des objets qui avaient tout leur sens, en guise de trophées. Une boille à lait, une baratte à beurre, des skis anciens et j’en passe. Leur âme est encore bien présente, même si leur fonctionnalité a changé. Ces objets racontent toujours des histoires, aussi longtemps que nous nous intéresserons à eux, à ceux qui les ont fabriqués et ceux qui les ont utilisés, usés jusqu’à la corde. L’historienne de l’art que je suis devrait savoir que la collection tue un peu de l’âme de l’objet, mais elle conserve, elle prolonge et archive ce que la nouveauté pourrait supplanter. Les collectionneurs sommes peut-être des romantiques, mais nous sommes surtout des rêveurs plein de gratitude. Nous savons de quel arbre nous sommes tombés.

Ma petite perle de la semaine illustre parfaitement cet état d’esprit.

Pansement pensé

PERLES DU QUOTIDIEN

– Je peux mettre la carte dans la machine, Maman ? Oh… mais madame, la machine elle est cassée !
– Elle est tombée, mais elle fonctionne quand même.
– Mais quand c’est cassé, faut changer !
– Ben justement, je ne suis pas d’accord avec toi. Quand c’est cassé, il faut prendre soin, il faut réparer ce qu’on peut, même si ça ne sera plus comme avant. Parfois, c’est même bizarrement mieux qu’avant la chute. C’est comme les gens, même si ils sont un peu abîmés, on ne les change pas, on ne les jette pas.
– Alors faut lui mettre un pansement
.

C’est chose faite. L’appareil à cartes est pansé. La vie peut continuer.

La vie à Evolène

QUOI DE NEUF DANS LA MONTAGNE

Le Carnaval s’est terminé, le café-restaurant le Central à Evolène a fermé… voilà des pages qui se tournent, sans pour autant que la nostalgie ne doive gagner les cœurs.

L’équinoxe de printemps des Lucioles approche à grands pas et la lecture du Laboureur de Bohême remporte un grand succès. Les représentations du samedi 25 mars et du dimanche 26 mars à 15h sont complètes. J’ai appelé le metteur en scène qui se réjouit de nous proposer une supplémentaire le dimanche 26 mars à 11h, toujours à la Chapelle Saint-Christophe. Pour réserver, vous pouvez toujours me contacter par email à contact@epiceriedelasage.ch, par téléphone au 027 283 31 07 ou en passant à l’épicerie, pendant les horaires d’ouverture.

Notez que cette semaine aura lieu l’assemblée primaire extraordinaire de la commune d’Evolène, le mercredi 1er mars 2023 à 20h00, à la salle de gym du Centre scolaire d’Evolène, dont l’ordre du jour est le suivant: Aide à l’exploitation pour Télé-Evolène. Toutes les informations sont disponibles ici.

Je vous souhaite une agréable semaine,

Votre épicière, Marlène

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