Oiseaux de passage

Bonjour à toutes et tous,

Notre cher Marc a retrouvé son Québec, me voilà donc de retour les lundis à l’épicerie, jusqu’au mardi 25 avril, premier jour de ma fermeture annuelle de printemps. Le magasin sera fermé jusqu’au mardi 16 mai. Je ne prévois ni ciel, ni mer, ni route qui me seraient inconnus, car je serai toute occupée à envoyer des courriers à des maisons d’édition. En effet j’ai terminé, la semaine passée, la rédaction de mon tout premier récit. Si mon manuscrit n’est pas retenu, je m’en ferai bien une raison. Néanmoins, sachez qu’en tant que membre de la Société des Écrivains Valaisans, j’ai la chance de pouvoir faire lecture de quelques extraits d’un travail en cours le 4 juin 2023 à 18h, au week-end CARNÖTZET du Palp Festival à Muraz sur Sierre. Mais place à notre chronique…

De 0 à l’infini

CHRONIQUE D’ÉPICIÈRE

Je vous rassure en préambule, je ne vous infligerai pas une nouvelle démonstration mathématique aujourd’hui. Non, pas cette fois-ci, mais qui sait… à une prochaine occasion ?

Je dois admettre apprécier particulièrement la venue d’enfants à l’épicerie. Elle me ravit à de nombreux égards, par les mots qu’ils choisissent, par leur étonnement de ne pas trouver les mêmes bonbons que dans leur magasin de quartier, par leurs curieuses petites questions dont je ne saisis pas toujours l’intention cachée, par leurs impétuosités, par leurs caprices et par leur politesse aussi. Je constate avec énormément de fierté qu’un enfant peut vivre l’une des ses premières expérimentations de l’indépendance dans un petit commerce de village. Il ou elle mérite sa permission de venir seul-e, avec le porte-monnaie des parents, bardé de responsabilités jusque derrière les oreilles: ne rien oublier, être respectueux, ne pas dépasser le budget, faire la queue… Les enfants sont si courtois sans parents à l’entour ! C’en est presque amusant, à les voir se comporter en adultes miniatures. Ils prennent toute la mesure du début d’autonomie qu’on leur accorde gracieusement. Ils sont si réjouis, qu’aussitôt la transaction terminée, ils s’échappent souvent si rapidement, qu’il m’est impossible de leur rendre la monnaie de leur pièce. Qu’est-ce qu’ils courent ! Mais ils reviennent vite chercher le dû manquant.

Il y a les petites récompenses, le droit de prendre quelque chose pour moi, qui s’illustre par des choix surprenants parfois: une boîte de sardines, des rondelles de coton, ou des légumes pour les quatre francs qu’il reste, pour faire plaisir à mes parents, y z’aiment la soupe. C’est détonnant, égayant et distrayant. Les plus petits sont annoncés par téléphone. Les parents m’appellent pour m’avertir de la venue d’une timide, d’un étourdi ou d’un bambin encore hermétique au calcul mental. J’observe avec joie l’enthousiasme provoqué par trois petites pièces de monnaie contre une grande solitaire. Le nombre émerveille les gamins, en particulier lorsque la foison s’incarne en de brillantes ferrailles. J’adore les poussettes, les bébés trop emmitouflés, dont les yeux écarquillés découvrent les couleurs, les formes, les distances et le sourire béat de l’épicière. J’aime faire connaissance avec eux, découvrir qu’un jour, tout soudain, ils marchent et ils parlent, et si je reste assez longtemps derrière mon comptoir, un jour les verrai-je peut-être venir poser quelques piécettes pour une sucette, tous seuls, comme des grands.

Et un jour, il y a eu un appel d’une dame de passage, revenue sur la terre vacancière de l’enfance de son mari. Elle m’annonce l’arrivée imminente de son époux, quelques instants plus tard, me précise que la liste de courses est dans la poche droite de son pantalon – néanmoins me la dicte par sécurité – , que l’argent se trouve dans la poche du sac à dos, et qu’il n’a plus toute sa tête, mais qu’il sait encore où est l’épicerie. Aurai-je le temps de l’aider un peu ? Bien évidemment… J’ai été profondément touchée de recevoir cet homme, et de réaliser qu’il fût un petit enfant un jour, lui aussi, et que désormais la maladie le renvoie à une forme de candeur qui pourrait s’apparenter à de la stupidité, si l’on n’y regardait pas d’assez près. Et à cet instant-là, une forme d’indépendance lui était rendue, une responsabilité lui était reconnue, pour garder un peu de sa dignité.

De notre plus jeune âge, où tous les souvenirs sont à inventer, jusqu’à nos dernières années, où la mémoire fait des siennes, nous avons besoin de repères, auxquels accrocher nos expériences de vie. Une épicerie, comme beaucoup d’autres lieux de rencontre, peut être cette balise, ce perchoir pour oiseaux de passage. Elle accueille les traces invisibles, mais si palpables, des uns et des autres. Je n’efface pas les traces. Ce sont elles qui tolèrent ma présence. Comme un pas dans la neige. Si celle-ci fond, il n’empêche que ce pas-là a existé.


Les souris dansent

PERLES DU QUOTIDIEN

– Il n’y a pas un chat, hein Marlène ?
– Ah non, ça… pas un chat…
– Remarque, c’est pas tout à fait vrai. Il n’y a que ça, des chats à La Sage
.

De fait, les souris ne dansent pas. Salut Baloo, Papillon, Biscotte, Polenta, Raya, Thaï-Thaï, Copain et Cie !

Photo: Marité Gremion

La vie à Evolène

QUOI DE NEUF DANS LA MONTAGNE

VACANCES DE PRINTEMPS

Je vous rappelle que l’Épicerie sera fermée pour les vacances de printemps du mardi 25 avril au mardi 16 mai 2023. Il n’y aura pas de petite chronique du lundi pendant cette période-là. Si vous voulez déjà noter les dates de la fermeture d’automne, cette information est indiquée en pied de page, avec l’horaire des jours fériés.

Les bureaux de l’administration communale sont fermés du jeudi 6 avril à 11h45 au mardi 11 avril à 09h00.

La déchetterie est fermée toute la journée le samedi de Pâques 8 avril 2023 .

DIE ZEIT

Le média allemand Die Zeit est passé à La Sage, pour la rubrique Alles ausser Zürich de son édition suisse. C’était suffisamment inspiré, apparemment, puisque quelques lignes ont suffi.

Je vous souhaite une belle semaine et vous dis à bientôt,

Votre épicière, Marlène

NB: Je suis humaine, je fais des coquilles. Si vous en voyez et qu’elle heurte vos yeux, n’hésitez pas à me la signifier.

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